le Chien et la Corde

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mercredi 9 septembre 2009

Vers le sud !

Départ au lever du soleil. C'est dur. A peine réveillé qu'on me presse de faire mes besoins car la journée s'annonce longue.

8h : Briefing. Le vent a un peu faibli dans la nuit, et s'est orienté nord. Le capitaine nous explique que c'est à la fois une bonne chose et une mauvaise. Bonne car on va pouvoir utiliser le "spi". Mauvaise car il va falloir utiliser le spi. Nous faisons tous comme si nous comprenions, mais nous ne sommes pas convaincants. Le capitaine détaille donc : Le spi va nous permettre d'avancer beaucoup plus vite, mais c'est une voile délicate à manipuler, surtout quand il y a du vent et de la houle. Pour l'instant, ça va, mais si le vent monte, ça risque de devenir délicat.

8h25 : Nous larguons les amarres, et sortons du port. Voiles hissées, nous nous éloignons d'abord un peu de la côte. 

9h : le moment fatidique. Vent arrière, nous hissons la fameuse voile. Schlac, d'un coup, elle se gonfle, magnifique, et nous prenons un sacré coup d'accélérateur, qui durera toute la journée !

Nous voyons défiler le cap corse sur notre droite, le village d'Erbalunga, Bastia, l'étang de Bigulia, Solenzara....

La tension reste vive. Petit à petit, nous comprenons que le spi est une voile capricieuse qui peut, comme nous l'explique le capitaine, nous mettre rapidement dans une mauvaise posture. C'est le "départ au lof". Chacun de nous a une place précise, et une action à réaliser si d'aventure cela se reproduisait :

  • La corde annonce les changements de vent et les rafales
  • Mr P. tient le hale-bas de grand voile : c'est l'élément critique, qu'il faut lâcher en grand en cas de soucis
  • Mr N. a en charge l'écoute de spi
  • Mademoiselle S. a en charge le bras de spi
  • Le capitaine tient la barre
  • et moi, je m'accroche comme je peux.
Sous spi vers le sud

Alors que nous battons nos records de vitesse, nous élaborons tous ensemble les bases d'une nouvelle civilisation : Le vatiponey ; Je vous ferai prochainement un topo là dessus. C'est passionnant.

Tout à coup, dans une survente associée à quelques belles vagues, le capitaine devient silencieux, et se crispe. " P. ", dit-il, "Tient toi prêt...."

Les vagues passent, rien ne se passe. Mais le vent reste fort. La vitesse continue à augmenter.

Nouvelle série de vague... "P. ! ... non ça va..."

On accélère encore. Tous les poneys sont sortis et tractent le voilier comme jamais !

"P. ! P. ! P. !!!!! " ; Je m'agrippe de toutes mes dents au premier mollet que je trouve alors que le bateau fait une sévère embardée et se couche ! Heureusement, cela ne dure pas, et la promptitude de Mr. P. et du capitaine permettent au voilier de se remettre dans l'axe du vent, et de repartir à toute vitesse.

L'adrénaline retombe doucement. Mr. N. se demande dans quoi il a cogné son mollet... Le capitaine a tout vu, mais je comprend à son regard qu'il ne dira rien. Le chat-roux continue à dormir...

Ce sera le seul incident de cette traversée qui nous amènera a l'entré du golf de Porto-Vecchio à la tombée de la nuit, alors que le vent nous a presque entièrement abandonné. C'est d'ailleurs au moteur que nous rentrons dans le golfe, en suivant scrupuleusement le chenal balisé de lumières vertes et rouge.

Le capitaine reste seul dans le cockpit, alors que nous profitons de l'instant pour ranger l'intérieur du voilier sérieusement chamboulé par ces longues heures de navigation. Quand tout à coup, une grande embardée et un retentissant " OH PUTAIN ! " nous parviennent de l'extérieur. Le capitaine, à demi tremblant, nous explique qu'une des balises, éteinte, a dérivé au milieu du chenal, et qu'il ne l'a vue qu'au tout dernier moment, et qu'elle a été effleurée. Une rapide inspection à la lampe torche indique qu'il n'y a pas d'avarie grave. Nous y verrons mieux à la lumière du jour, demain, mais le pire a été évité : Ces balises pèsent plusieurs centaines de kilos pour plusieurs mètres de haut !

Entrée du port. L'absence totale de vent nous permet de nous glisser dans une des dernières places libres, pas vraiment accessible. Manoeuvre complexe, réussie avec brio.

Le temps de manger rapidement un morceau, tout le monde se met au lit. Grasse matinée et visite de la ville constituent le programme de demain. Départ vers midi.

Porto vecchio de nuit

mardi 8 septembre 2009

De Calvi au cap Corse

La soirée s'est un peu prolongée. Décision est prise de dormir quelques heures et de repartir vers 5h du matin. Le capitaine et Mademoiselle S. prendront le premier quart. Messieurs P. et N. prendront la barre dans la matinée.

Lever de soleil au large de Saint-Florent

Départ de nuit dans une légère brise, café fumant dans le cockpit, polaire sous la veste de quart. Le soleil se lève au passage de St Florent, et le vent ne tarde pas à le suivre.

Le reste de l'équipage se réveille vers 10h, et prend un peu la relève à la barre pendant que les autre vont dormir un peu.

Vent de face, la stratégie consistait en une remontée et un passage du cap en deux bord. Mais hélas, au bout du 2ème bord, le vent nous lâche, et nous manquons le passage du cap Corse d'une centaine de mètre seulement ! Deux bord de plus, et c'est fait, mais la corde se fait passer un sacré savon : En temps que spécialiste météo, elle aurait dû prévoir le changement de vent. Heureusement, une bouteille de Muscat permet d'apaiser les tensions, et nous continuons notre route. Une photo pour mon maitre, et nous attaquons la route vers la cote orientale !

on tient le cap !

Mademoiselle S. nous fait alors part de ses souvenirs d'enfance, à Macinaggio, et nous convainc de faire escale en ce lieu. Afin d'éviter toute désillusion, le capitaine l'informe que le village a grandement changé en 15 ans, et que le petit port s'est transformé en grande marina. Peu importe décide-t-elle : on y va quand même.

Je pars me coucher avec la Corde, et me réveille au passage de la Giraglia, sous spi par vent calme, à quelques nautiques de notre destination.

Macinaggio

Le vent nous quitte, et nous n'arrivons dans la marina qu'au coucher du soleil. Le temps d'amarrer, faire le plein d'eau, nettoyer les panneaux solaires, et nous faisons notre première rencontre avec des italiens. Le capitaine les voit arriver, et nous prévient qu'il y aura du spectacle !

Et nous ne sommes pas déçus. En temps que chien terrien, je n'y connais pas grand chose à la mer, et à la manoeuvre des voiliers. Mais, il m'a rapidement semblé que crier, hurler, faire des grands gestes, et n'utiliser le moteur qu'en deux positions - à fond marche avant et à fond marche arrière - n'était pas une option efficace pour amarrer un voilier de 14 mètres.

Chronomètre en main, sourire au lèvres, rire parfois, consternation souvent, nous assistons aux nombreuses manoeuvre de ce voilier, qui disposait d'une dizaine de places pour s'amarrer, et qui mettra 45 minutes pour réussir à s'immobiliser. Mais, quand on a un maillot de bain très moulant rouge vif, il faut savoir se faire remarquer. L'italien....

Une fois notre rire calmé, direction la pizzeria. Et cette fois-ci, j'ai le droit de les accompagner ! Le chat-roux garde le bateau, avec le Corde.